Chiens noirs. Josef Koudelka et John Divola. Carlos Castaneda qui convulse sur le sol poussiéreux. Psychopompes du quotidien dont la silhouette se découpe sur la neige, ou dans le flou bougé d’une course — en plein désert.
Échos lointains du dieu Anubis. Le pubis sombre et broussailleux. De chienne en chatte. Chienne de vie, chiennes d’un autre temps — de chien. Superposition des voyages — physiques, spirituels, temporels. La cynocéphalie de Saint-Christophe. L’arrogance du roi Lycaon. Combien de portes encore ? Combien de vins cumulés pour des lendemains d’errance interdite — en loups-garous ?
Gardiens des références, anges velus — qui bavent de temps en temps, sur la cuisse...
Les îles Canaries continuent de se peupler de touristes. J’y prendrais un chien noir (un berger ?) aux oreilles naturellement dressées. Je me suis déjà raconté cette histoire. C’est un autre territoire. Je ne m’y habillerais plus — ou qu’en blanc. Son affection maculerait le tissu, y laisserait sa marbrure.
La lune s’élève quelque part, au-dessus des cactus.
Tandis que nous restons sourds à l’appel, élevant des chiens toujours plus petits pour garder des passages qui eux aussi rétrécissent. Je me tiens devant un monde devenu nécropole. À la fois vaste et étroit. Les animaux domestiques sont les seuls êtres vraiment prêts — à mourir pour moi, à mourir pour toi. Ils meurent chaque jour pour nous. Qui construisons des villes en forme de muselière. J’y lève la patte. Je laisse une trace de mon passage. Personne ne renifle.
Il faut retrouver un verbe hyostylique. Libéré du crâne. J’ai mis à ma gauche le profil d’un grand requin blanc. Et le Léviathan ne remonte plus des fonds obscurs. Le nez de la mer flaire la piste, conduit le corps vers la lumière, y frotte sa peau rugueuse. Contre les grilles d’un poulailler. Cherche la chaleur. Féconde l’œuf. Actionne l’ampoule. Un Florentin du dix-septième siècle m’attend là-bas, sur une plage, laconique. J’y vois aussi une louve assise, au milieu des crabes, qui mange le poisson du monde. Des parfums orange s’élèvent au-dessus du ressac. Et tout devient sel, tout s’arrange, en toute intelligence.
Chiens noirs. Qui prenez toute l’ombre en vous. Chiens noirs aux colliers cloutés. Montrez vos crocs lumineux, comme des croissants de lune. La Terre réclame une morsure.
credits
released September 7, 2022
Lyrics by Jordane Prestrot, and
excerpted from the book called "Faire avouer Mercure", available here: www.amazon.fr/dp/B0979DZPMD
voice by Antonella eye Porcelluzzi
Music by Jordane Prestrot and Innocent but Guilty (Chiens Noirs)
and by Innocent but Guilty (Alternative clean and dirty versions)
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